Le 11 décembre 2025, les députés autrichiens ont voté en faveur d'une loi interdisant le port du voile à l'école pour les filles de moins de 14 ans. Présentée comme une mesure de protection pour les jeunes filles, cette nouvelle législation a suscité d'importantes critiques parmi les juristes et les défenseurs des droits de l'homme.
Cette mesure a été soutenue par le gouvernement conservateur, qui se croit en accord avec la Constitution. Le débat sur le sujet n'est pas nouveau, une précédente tentative d'interdiction en 2019 avait été annulée par la Cour constitutionnelle en raison de son caractère discriminatoire. Cependant, les autorités actuelles affirment que cette version de la loi respectera les droits fondamentaux.
La ministre de l'intégration, Claudia Plakolm, a déclaré que « forcer une fillette de 8 ou 9 ans à couvrir son corps pour se préserver du regard des hommes constitue une oppression, et non un simple rituel religieux. » De son côté, Yannick Shetty, président du parti libéral NEOS, a vanté les mérites de la loi, indiquant qu'elle contribuerait à combattre l'oppression culturelle.
La loi devrait entrer en vigueur à la rentrée scolaire de septembre 2026, avec une phase préparatoire commençant en février, où les éducateurs et les élèves seront informés des règles. Toutefois, en cas de non-respect, des amendes allant jusqu'à 800 euros pourront être infligées aux parents.
Les critiques de la loi se multiplient, avec Amnesty International évoquant une « discrimination flagrante » à l'égard des filles musulmanes. L'IGGÖ, représentant des communautés musulmanes en Autriche, met en garde contre le risque de stigmatisation, pouvant nuire à la cohésion sociale. Angelika Atzinger, de l'association Amazone, a également souligné que cette loi pourrait exclure davantage les enfants concernés et renforcer l'idée que leur corps doit être contrôlé.
Bien que la coalition gouvernementale soit convaincue de la conformité de sa loi avec la Constitution, des experts, comme Heinz Mayer, mettent en exergue le précédent historique qui a vu une interdiction ciblant le foulard islamique jugée discriminatoire, en rendant les jeunes porteuses de voile vulnérables face à une société qui les stigmatise. La question de l'égalité et de la liberté religieuse au sein des institutions éducatives demeure un sujet brûlant et controversé, alors que l'Autriche fait face à des tensions croissantes autour de l'immigration et de l'identité nationale.







