Le Parlement algérien a voté à l'unanimité une loi qui criminalise la colonisation française, affirmant la nécessité d'excuses officielles de la part de Paris. Ce vote, qui s'est déroulé dans un climat de ferveur patriotique, fait porter à l'État français l'entière responsabilité de son héritage colonial, marquant un tournant significatif dans les relations entre les deux pays déjà tendues.
Les députés, arborant fièrement les couleurs du drapeau algérien, ont applaudi l'adoption de ce texte qui qualifie les actions françaises en Algérie de « crimes imprescriptibles », incluant notamment les essais nucléaires, les exécutions extrajudiciaires et la torture. En vertu de cette loi, l'Algérie réclame une indemnisation pour l'ensemble des préjudices causés.
Le président de l'Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali, a souligné l'unanimité de cette décision, la qualifiant de « moment de rupture » dans la mémoire collective algérienne par rapport à la France. Selon l'historien Hosni Kitouni, expert de la période coloniale, bien que cette loi ne puisse pas contraindre la France sur le plan juridique, elle représente une avancée importante dans la reconnaissance des souffrances endurées par le peuple algérien.
Au cours des débats, M. Boughali a précisé que cette initiative ne vise pas à raviver les tensions, mais à établir une vérité historique. Cependant, la tension diplomatique entre Paris et Alger a déjà été exacerbée par des événements récents, tels que la décision de la France d'accorder sa reconnaissance à un plan marocain concernant le Sahara occidental.
Historiquement, la conquête du territoire algérien par la France a été accompagnée d'une violence extrême et de dévastations massives, avec des conséquences économiques et sociales profondes. Pendant la guerre d'indépendance (1954-1962), environ 1,5 million de personnes auraient trouvé la mort selon les autorités algériennes, tandis que les historiens français avancent un chiffre de 500 000, dont 400 000 Algériens.
L'entretien d'un dialogue constructif entre les deux nations reste délicat. En 2017, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de « crime contre l'humanité », mais des efforts pour réconcilier les mémoires se sont heurtés à des mots malheureux qui ont fait polémique. La nouvelle loi incite également l'Algérie à exiger que la France décontamine les sites des essais nucléaires menés dans le Sahara africain entre 1960 et 1966, un sujet qui continue à susciter des inquiétudes.
Par ailleurs, le texte élève au rang de « haute trahison » la collaboration des harkis, ces auxiliaires algériens ayant servi l'armée française, et prévoit des sanctions pour toutes personnes faisant l'apologie de la colonisation. Cette démarche, qui avait été envisagée depuis les années 1980, prend désormais une forme législative, illustrant une volonté croissante de traiter le poids du passé colonial.
En somme, cette loi représente un symbole puissant du désir algérien non seulement de reconnaître les abus passés, mais également de revendiquer une vision claire et juste de son histoire nationale. La question des relations franco-algériennes est loin d'être résolue, mais cette nouvelle législation ouvre un chapitre, pourrait-on dire, dans le livre encore inachevé de l'héritage colonial.







