Le 23 décembre dernier, l'administration américaine a pris une décision surprenante en annonçant l'interdiction de séjour aux États-Unis de Thierry Breton, ancien commissaire européen. Cette mesure radicale vise également quatre autres personnalités européennes engagées dans la lutte pour la régulation du numérique.
Parmi eux se trouvent des responsables britanniques et allemands oeuvrant contre la désinformation et surveillant le discours haineux en ligne. Thierry Breton, bien qu'il ne soit plus en poste, a marqué la scène politique européenne en tant qu'ancien ministre de l'Économie, PDG de France Telecom, et commissaire au marché intérieur. Sa sanction est emblématique d'une guerre idéologique entre Washington et Bruxelles sur les règles du numérique.
Des idéologues européens aux yeux de Washington
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio n'a pas hésité à qualifier ces personnalités de "censeurs" à propos de leur rôle dans la régulation des grandes plateformes numériques, accusant l'Europe d'entraver la liberté d'expression. Sous l'administration Trump, la critique des régulations européennes, incluant le Digital Services Act (DSA), s'est intensifiée. Ce texte, adopté en 2022, vise à contrer la diffusion de contenus illégaux en ligne, mais est perçu comme une entrave à l'expansion des entreprises américaines en Europe.
La récente amende de 120 millions d'euros infligée à la plateforme X, propriété d'Elon Musk, par la Commission européenne, est considérée comme la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour les autorités américaines. Selon Politico, cette action de Bruxelles a réveillé les tensions, faisant craindre des représailles.
Vers de nouvelles représailles américaines ?
Les sanctions ne s’arrêtent pas là. Selon des sources de Reuters, de grandes entreprises françaises comme Mistral AI ou Publicis, qui ont des activités aux États-Unis, pourraient également faire l'objet de pressions. Ces firmes pourraient devenir des cibles privilégiées de la Maison Blanche, dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes. L'administration semble ainsi intensifier ses efforts contre les régulations européennes, le tout dans un climat plus tendu que jamais.
Pour Richard Alberg, analyste en relations internationales, cette interdiction de séjour témoigne d'une volonté de Washington de faire face à ce qu'ils considèrent comme une surenchère réglementaire. "Les États-Unis cherchent à protéger leurs entreprises et voir leur influence globale diminuer", explique-t-il. Alors que les tensions persistent, le paysage numérique européen se trouve à un carrefour.







