Un rapport parlementaire récemment publié recommande une réforme fondamentale des politiques de santé mentale et de handicap en France, soulignant une dépense publique "massive mais mal orientée". Alors que les dépenses pour les troubles psychiatriques atteignent 27,8 milliards d'euros en 2023, les coûts pour la société, avec les charges directes et indirectes, s’élèvent à 163 milliards d'euros par an, un chiffre alarmant qui nécessite une action immédiate.
Présidé par la députée Nicole Dubré-Chirat, ce rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale met le doigt sur un décalage croissant entre l'offre de soins et les besoins réels des patients. Selon Sébastien Saint-Pasteur, rapporteur du texte, il est impératif de « ne pas dépenser plus, mais mieux ». Ce dernier souligne que le système actuel souffre des rigidités administratives et d'un manque d'évaluation, qui entravent la capacité d’action face à ces enjeux cruciaux.
À ces niveaux, l'État intervient essentiellement en dernier recours, que ce soit par des hospitalisations ou des prescriptions de psychotropes, alors qu'il est urgent de renforcer la prévention et d'accompagner les populations vulnérables dès le début de leurs difficultés. Malgré un budget de 64,5 milliards pour le handicap prévu en 2024, près de 50 000 enfants ne bénéficient toujours pas de l'accompagnement nécessaire.
Le rapport suggère aussi de créer une Agence nationale d'étude d'impact pour intégrer une logique de "coûts évités" dans la gestion publique, ainsi qu’un tableau de bord national pour mieux suivre les données relatives aux soins et à l'accompagnement. En parallèle, les débats sur le statut des Accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) ont surgi, cette question étant devenue primordiale en raison du manque d'accompagnement disponible pour de nombreux enfants.
Les inégalités territoriales demeurent un enjeu majeur ; certains enfants se retrouvent sans accompagnement durant des temps périscolaires dans 14 départements, comme le rapporte Franceinfo. Le rapport appelle également à une approche plus pragmatique, que ce soit par des médiations départementales, ou la simplification des démarches administratives pour les familles. Les experts interrogés s'accordent à dire qu'une revalorisation du statut des AESH pourrait non seulement améliorer leur attractivité, mais également garantir une meilleure réussite éducative pour les enfants, condition essentielle pour leur future insertion professionnelle.
Dans le domaine de la santé mentale, la "grande cause nationale" de 2025 soulève des espoirs mais suscite également des critiques, certains professionnels dénonçant un manque de moyens pour concrétiser ces promesses. Selon des chercheurs de l'Université de Paris, il est vital que les actions mises en œuvre se traduisent par des résultats tangibles, et le rapport plaide pour une "task force" dédiée à évaluer en profondeur l’efficacité des mesures existantes.
Les recommandations comprennent également le renforcement des équipes dans les Centres médico-psychologiques, une attention particulière à la formation des soignants en santé mentale, et l’intégration d’outils numériques pour permettre un meilleur suivi des jeunes. L'éducation inclusive devrait également plus s’inspirer des besoins spécifiques des enfants, plutôt que de s’en tenir à des cadres rigides imposés par les organismes administratifs.
Face à une crise grandissante dans la prise en charge des maladies psychiatriques et du handicap, ce rapport parlementaire se présente comme un appel à l’action immédiate. L'année à venir sera donc cruciale pour redéfinir les stratégies et s’attaquer aux défaillances systémiques.







