Dans les montagnes du nord de l'Irak, un combattant kurde conduit prudemment son pick-up sur des routes sinueuses, s'arrête pour prévenir ses camarades se cachant dans un bunker. Ce lieu, dissimulé dans les montagnes de Qandil, fait partie des bases arrière du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), où les journalistes de l'AFP ont obtenu un accès rare.
La commandante Serda Mazlum Gabar, souriante, souligne que "le processus de paix ne signifie pas quitter les montagnes". Pour elle, vivre dans cette nature sauvage est moins intimidant que de se retrouver dans une ville polluée et chaotique.
Après plus de 40 ans de conflit, entrainant la perte de près de 50 000 vies, le PKK a pris une décision déterminante : déposer les armes. En juillet dernier, une trentaine de ses membres ont symboliquement brûlé leurs armes, bien que, lors de la récente visite de l'AFP, de nombreux combattants circulaient encore armés.
Dans cette région isolée, le PKK s'est habitué à la vie en montagne. Toutefois, avec la cessation des hostilités, le mouvement cherche de nouvelles façons d'agir pacifiquement. "Nous n'avons pas été contraints à cette vie. C'est un choix que nous avons fait", déclare Gabar.
Le bunker se compose d'un étroit tunnel menant à plusieurs pièces, dont une dédiée aux femmes combattantes, décorée de plantes et de guirlandes lumineuses. Des nouveaux venus, dont Vejin Dersim, 34 ans, récemment arrivée de Turquie, expriment leur émotion face à ce départ, affirmant le lien spécial qui les unit à leur leader historique, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 26 ans.
Devrim Palu, un ancien membre rentré récemment, évoque une période de changement pour le PKK. Bien que toujours considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l'Union européenne, le mouvement a évolué vers des demandes de reconnaissance et d'égalité pour les Kurdes, espérant ainsi aborder une nouvelle ère par des voies démocratiques.
Dans le bunker, l'ambiance semble détendue : les membres cuisinent, regardent la télévision et discutent. Le PKK, établi à Qandil, a longuement lutter pour sa survie et a transformé son quartier général, un endroit devenu bien plus qu'un simple refuge.
Les montagnes d'Irak leur offrent une sécurité que les zones urbaines ne peuvent pas garantir, un sentiment partagé par ceux qui se fient à ces chemins rocailleux, affirmant : "Je pourrais conduire ici les yeux fermés". Les défis sont nombreux, mais l'espoir d'un futur pacifique semble alimenter la résilience de cette communauté kurde.







