Dans un contexte où l'industrie aéronautique est en pleine mutation, Didier Kayat, PDG du Groupe Daher, partage sa vision pour l'avenir de l'entreprise fondée en 1863. Avec une présence mondiale et 450 actionnaires familiaux, Daher est sur le point de revamper son modèle pour répondre aux exigences croissantes du marché.
Kayat constate l'impact des investissements massifs nécessaires pour moderniser les avions et répondre aux cadences élevées du secteur. "Nous devons investir tout en maintenant nos programmes actuels", explique-t-il, en soulignant l'importance de l'innovation dans un marché aussi compétitif. Il révèle aussi une réalité frappante : certains pays affichent des coûts salariaux cinq fois inférieurs à ceux de la France. Cela rend la délocalisation inévitable pour certaines productions.
La distinction entre Daher et d'autres entreprises du secteur, comme Lauak, est cruciale. Alors que Lauak se tourne vers des investisseurs étrangers pour une cession majoritaire, Daher se concentre sur la diversification de ses services, moins gourmands en investissements. "Nous avons su amortir les cycles de l'industrie grâce à nos services", souligne Kayat.
Dans une phase de réorganisation, Daher se démarque en intégrant la défense dans ses activités sans créer de division dédiée. Kayat mentionne des projets ambitieux comme le démonstrateur de drone MALE, fruit d'une collaboration avec la DGA. "Nous souhaitons soutenir la dynamique de défense tout en préservant l'emploi en France", affirme-t-il.
Avec une chaîne d'assemblage prévue aux États-Unis, Daher vise à augmenter sa production tout en conservant des capacités en France pour des projets militaires. "C'est une extension, pas un transfert", précise Kayat, qui reste engagé à maintenir l'emploi local malgré la mondialisation.
La situation actuelle pourrait être différente si Daher était une entreprise non familiale, selon Kayat. Le modèle familial permet une vision à long terme, permettant des décisions moins influencées par des pressions financières immédiates. "La famille ne descendra pas en-dessous de 70 % des parts", indique-t-il, soulignant la volonté de conserver le contrôle.
Avec une performance solide de 1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires, Daher a connu une transformation notable. "Nous avons investi 70 millions d'euros annuels malgré le Covid, car nos services sont rentables", précise-t-il, ajoutant que la création de valeur est au cœur de la stratégie.
Dans un domaine où la succession des dirigeants est une question cruciale, le défi reste de préparer l'avenir pour les entreprises familiales. "Une aide est indispensable pour la transition des PME", affirme Kayat, préoccupé par le vieillissement des dirigeants dans le secteur.
Avec des ambitions claires pour l’avenir et un modèle d'entreprise acéré, Daher se positionne comme un acteur essentiel de l'aéronautique, naviguant habilement entre tradition et modernité.







