Paris (France) - Le géant du commerce électronique Amazon a récemment pointé du doigt les conséquences des frais de port imposés par la législation française sur les livres. Selon Frédéric Duval, directeur général d'Amazon.fr, ces frais, s'élevant à trois euros pour les ouvrages d'une valeur inférieure à 35 euros, ont coûté plus de 100 millions d'euros aux consommateurs français depuis leur mise en place. Cette nouvelle réglementation, adoptée pour soutenir les librairies indépendantes, semble paradoxalement peser sur le pouvoir d'achat des lecteurs.
Duval a exprimé ses préoccupations dans une tribune diffusée par l'AFP, soulignant que malgré cette initiative, les ventes de livres peinent à décoller, même dans les librairies physiques. "Les chiffres montrent une baisse substantielle, continuant à affecter négativement l'ensemble du secteur", a-t-il déclaré.
Cette législation, qui prend effet depuis octobre 2021 grâce à la sénatrice Laure Darcos, vise à niveler la concurrence entre le commerce en ligne et les librairies traditionnelles telles que la FNAC et Cultura. Cependant, des tensions ont émergé récemment, notamment autour de l'interpretation de certaines clauses de la loi. Amazon fait valoir que certaines dispositions lui permettraient d'enfreindre ces règles en proposant la livraison gratuite de livres dans des casiers situés dans des points de vente physique de livres, ce que le Médiateur du livre a contesté.
Duval met en lumière que les 100 millions d'euros utilisés en frais de port auraient pu être destinés à l'achat d'environ 12 millions de livres de poche, représentant ainsi 3% du chiffre d'affaires annuel de l'édition en France. "Ces fonds auraient pu soutenir directement les éditeurs et les auteurs, contribuant à un écosystème littéraire plus dynamique", a-t-il ajouté pour renforcer son argument.
En effet, différents experts de l'industrie, notamment des économistes et des professionnels de l'édition, s'interrogent sur l'efficacité d'une telle loi. Ils estiment que les frais de port, au lieu de protéger les libraires, pourraient en fin de compte cloisonner le marché et restreindre l'accès aux livres. La question se pose : à quel point cette législation répond-elle réellement aux besoins des consommateurs et à ceux du secteur de l'édition ?
Alors que le débat s'intensifie, il apparaît crucial que les régulateurs réévaluent cette politique pour assurer un équilibre bénéfique tant pour les librairies que pour les lecteurs, tout en préservant la vitalité de l'édition française.
