A partir de minuit, la Bulgarie s'apprête à entrer dans la zone euro, devenant ainsi le 21e membre de cette union monétaire. Le pays, dont la population s'élève à 6,4 millions d'habitants, abandonne le lev, sa monnaie nationale utilisée depuis la fin du XIXe siècle.
Cette transition, prévue pour le 1er janvier, est perçue comme un moyen d'accélérer la croissance économique et d'établir des liens plus forts avec l'Europe occidentale. Toutefois, la Bulgarie, l'un des pays les moins riches de l'Union européenne depuis son adhésion en 2007, doit naviguer à travers de nombreux défis. Le gouvernement récemment renversé fait face à des répercussions d'une corruption persistante, rendant le climat économique instable.
Le Premier ministre démissionnaire Rossen Jeliazkov a exprimé sa confiance dans ce changement, soulignant que la Bulgarie termine l'année sur une note positive avec un PIB de 113 milliards d'euros et une croissance économique de plus de 3 % (source : Bulgarian News). Il estime que l'inflation actuelle est liée à l'augmentation du pouvoir d'achat plutôt qu'à l'introduction de l'euro.
Cependant, de nombreux Bulgares craignent que cette adoption ne mène à une hausse des prix. Les statistiques indiquent déjà une augmentation de 5 % du coût des denrées alimentaires par rapport à l'année précédente, un sujet de préoccupation pour des propriétaires de commerces comme Turgut Ismail, qui constate que le coût des produits ne correspond plus à la conversion prévue : "40 leva ne sont pas 20 euros, mais parfois 30 euros pour certains articles."
La difficulté d'approvisionnement en euros a également suscité des inquiétudes. Les banques ont conseillé aux citoyens de prévoir de l'argent liquide en raison de possibles perturbations lors de la transition, provoquant des files d'attente à la Banque nationale de Bulgarie et aux bureaux de change. Un récent sondage Eurobaromètre révèle que 49 % des Bulgares se montrent réticents face à ce changement. Dans un contexte politique fragile, tous problèmes liés à l'adoption de l'euro risquent d'être exploités par des mouvements anti-européens.
Avant la Bulgarie, la Croatie avait été le dernier pays à faire le saut vers l'euro en janvier 2023, et ce changement portera à plus de 350 millions le nombre de citoyens européens utilisant la monnaie unique.







