Une réforme sous tension
Le dossier médical partagé (DMP), conçu pour centraliser les informations médicales des patients, suscite une vive polémique parmi les médecins libéraux en France. Selon une récente décision parlementaire, les médecins qui ne partagent pas les informations essentielles concernant leurs patients pourront faire face à des amendes s'élevant jusqu'à 10 000 euros par an. Cette nouvelle législation a mis le feu aux poudres, accentuant les préoccupations des praticiens vis-à-vis d'un outil jugé inefficace.
Des attentes non satisfaites
De nombreux professionnels de santé se disent en désaccord avec l'administration. Le Dr Thomas Maunoury, médecin généraliste, évoque une interface peu attrayante, souvent boguée et désuète. « Avec le DMP, on a l'impression de revenir dix ans en arrière », déplore-t-il. Par ailleurs, le manque de mise à jour des informations rend cet outil parfois plus frustrant qu'utile. Le DMP peine encore à s'imposer comme un véritable carnet de santé numérique.
Pour beaucoup, cette frustration s'accompagne d'une forte nécessitée d’améliorer l’ergonomie de l'application. Le Dr Jean-Jacques Fraslin souligne que, malgré une consultation fréquente, « l'alimentation automatique crée un fouillis énorme », rendant la recherche de documents essentiels laborieuse. Il propose même que la technologie de l'intelligence artificielle puisse être intégrée pour simplifier l’accès et la recherche d’informations spécifiques.
Les promesses de l'administration
Dans ce contexte d’insatisfaction, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a reconnu l’importance des retours des professionnels et a promis une évolution du DMP d'ici 2028. « Nous voulons rendre l'outil plus ergonomique et plus accessible », affirme-t-elle. En même temps, la délégation au numérique en santé (DNS) annonce que le programme du Ségur du numérique en santé, financé à hauteur de 2 milliards d'euros, est en cours de mise en œuvre pour améliorer la situation. Actuellement, environ 70% des lettres de liaison des hôpitaux sont intégrées dans le DMP, mais encore trop peu de médecins semblent l'alimenter de manière régulière.
Une transition technologique reste donc à réaliser pour faire du DMP un outil véritablement efficace et accepté par tous, sachant que la santé numérique devient cruciale dans le paysage médical contemporain. Les attentes sont grandes, tant du côté des médecins que des patients, pour que cet outil mérite la confiance qu’on veut lui accorder.







