Libreville (Gabon) – À quelques jours des élections en Centrafrique, une fresque murale illustrant Vladimir Poutine et Faustin-Archange Touadéra a été récemment dévoilée près de l'aéroport de Bangui. Ce tableau, selon l'ambassade russe, symbolise une "victoire commune sur le chaos et l'instabilité", mettant en lumière l'impact significatif du groupe paramilitaire Wagner dans l'évolution politique du pays.
Alexander Ivanov, représentant des mercenaires russes sur place, a affirmé que "pour la première fois dans notre histoire de conflits armés, les Centrafricains peuvent se sentir en sécurité". En effet, des analyses montrent que Wagner a réussi à améliorer la sécurité sur le territoire, permettant à environ 90% de la nation de se trouver sous contrôle gouvernemental, contre 80% juste deux ans plus tôt.
Cette réussite contrastant avec les échecs précédents de Wagner dans d'autres pays africains, comme le Mozambique ou le Mali, a conféré à la Centrafrique une stature unique. Sergueï Eledinov, expert militaire à la retraite, a souligné que "la situation sécuritaire s'est indéniablement améliorée", bien que les voix critiques pointent du doigt les accusations de crimes de guerre envers Wagner.
En parallèle, ce soutien militaire est également économique, les paramilitaires ayant obtenu des contrats d'exploitation des richesses naturelles du pays, telles que le bois, l'or et les diamants. Ce modèle économique crée des ramifications importantes pour le gouvernement de Touadéra, qui pourrait se retrouver en difficulté en cas de retrait de Wagner, selon divers analystes, tels que Paul Crescent Béninga.
À l'horizon des élections, le climat demeure tendu. Bien que des avancées notables aient été réalisées, des poches de violence persistent, surtout dans l'est et le nord-ouest du pays. Lors de ce vote majeur, la sécurité sera assurée par les paramilitaires russes, qui se déclarent prêts à réagir face à toute provocation.
À la suite de la disparition d'Evguéni Prigojine, ancien leader de Wagner, de nouvelles incertitudes émergent quant à l'avenir de cette alliance. Charles Bouessel, consultant au think-tank International Crisis Group (ICG), a exprimé des doutes sur la capacité de la société Africa Corps, potentiellement remplaçante de Wagner, à maintenir un même niveau d'engagement militaire et économique.
Ce contexte délicat souligne l'importance d'une continuité dans le soutien russe. Dans une récente interview, le président Touadéra a insisté sur le fait que son gouvernement n'est soumis à aucune pression de Moscou concernant ces transitions, mais le chemin à parcourir reste semé d'embûches alors que l'ombre de Wagner plane toujours sur l'avenir politique de la Centrafrique.







