Le Sénat du Brésil se penche cette semaine sur une proposition de loi qui pourrait considérablement diminuer la peine de l'ex-président Jair Bolsonaro, actuellement condamné à 27 ans de réclusion pour tentative de coup d'État. Cette initiative, soumise à l'examen des sénateurs, n’est pas sans soulever des passions et des critiques au sein de la population et du paysage politique.
La loi a déjà été approuvée par la Chambre des députés, suscitant des manifestations massives dans plusieurs grandes villes du pays, où des dizaines de milliers de citoyens ont exprimé leur désaccord, en scandant des slogans tels que « Pas d'amnistie » et en qualifiant le Parlement d'« ennemi du peuple ».
Âgé de 70 ans, Bolsonaro a commencé à purger sa peine en novembre dernier. Les nouvelles modalités de la loi pourraient réduire cette sentence à seulement deux ans et quatre mois de prison, selon des estimations des experts judiciaires. Cette démarche est perçue par certains députés comme une stratégie pour alléger les peines non seulement de l'ex-président, mais aussi d'autres délinquants, alimentant ainsi un débat sur les valeurs de justice dans le pays.
Une situation complexe
Au sein du Sénat, où la majorité conservatrice est moins marquée, plusieurs sénateurs ont d’ores et déjà exprimé leur scepticisme. Le sénateur Alessandro Vieira a notamment évoqué l’idée d’un « cheval de Troie », qui menacerait d’abaisser les peines des criminels de droit commun. Quant à Flavio Bolsonaro, fils de l’ex-dirigeant, il a montré sa volonté de négocier des modifications pour faciliter l’approbation du texte.
Si le Sénat ne parvient pas à voter la loi d'ici la fin de la semaine, les discussions seront reportées à 2026, une année électorale cruciale. De plus, si le président de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, décidait d'opposer son veto à cette loi, le Parlement pourrait, cependant, contourner cette initiative par un vote ultérieur.
En outre, la proposition inclut la possibilité d'accorder la libération conditionnelle à de nombreux partisans de Bolsonaro, condamnés pour les émeutes qui ont secoué Brasilia le 8 janvier 2023, lorsque des milliers de manifestants ont tenté de renverser le gouvernement fraîchement élu. Ce jour-là, ils ont saccagé des institutions emblématiques du pays, provoquant une répression sans précédent.
Ces développements surviennent dans un contexte de polarisation politique intense, caractérisé par des opinions divergentes. Paulinho da Força, rapporteur de la loi, qualifie ce projet de « geste de réconciliation », tandis que de nombreuses voix dans les rues s'opposent farouchement à son adoption.
En septembre, le Tribunal suprême a reconnu Bolsonaro coupable d'être le chef d'une « organisation criminelle », et les accusations portaient même sur des intentions d'assassinat contre Lula. Alors qu'il endure des problèmes de santé récurrents, ses avocats ont également formulé une demande de libération temporaire pour des raisons médicales.
Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir judiciaire de Jair Bolsonaro et pour l’unité du pays, alors que la société brésilienne semble plus divisée que jamais.







