La cellule d'investigation de Radio France a récemment mené une enquête approfondie sur les activités de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin en Chine. Cette exploration réalisée par les journalistes Élodie Guéguen et Géraldine Hallot met en lumière les liens fascinants et parfois controversés que Villepin entretient avec l'Empire du Milieu.
Après avoir occupé des fonctions politiques élevées sous le gouvernement Chirac, Villepin semble avoir trouvé une nouvelle vocation sur la scène internationale. En effet, à l'instar de son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin, il se dirige vers des territoires exotiques, en particulier la Chine, où son talent oratoire est non seulement apprécié mais également rémunéré à prix d'or. Au total, les journalistes de France Inter ont recensé plus de cinquante conférences à son actif en Chine, avec des paiements s'élevant à des sommes souvent supérieures à 90 000 euros pour deux interventions.
Cette enquête soulève des questions sur la moralité de ses choix professionnels. Si Villepin affirme agir en toute indépendance, beaucoup se demanderont s'il ne serait pas en train de servir une cause plus vaste, celle de la légitimation d'un régime aux pratiques souvent critiquées par les démocraties occidentales. Le général Christian Quénot, ancien chef d'état-major, a joué un rôle décisif en le mettant en contact avec des autorités chinoises, soulignant l'importance de la connivence avec le pouvoir central pour réussir là-bas.
Les révélations vont bien au-delà des simples conférences. Villepin préside également l'ITMA, une organisation qui œuvre pour le développement du tourisme en montagne, une fonction qui illustre l'étendue de son influence. Sa passion pour l'art contemporain s'est aussi traduite par l'ouverture d'une galerie à Hong-Kong, associée à son fils. Cette initiative lui a valu un accueil chaleureux à Pékin, où il a été photographié avec un panda de 43 kilos, une image qui véhicule un message de proximité avec les autorités locales.
Pour les observateurs attentifs, cette situation n'est pas sans rappeler d'autres cas de figures similaires en politique internationale, où des figures politiques s'impliquent dans des schémas économiques en rendant des visites à des pays controversés. Des experts en politique étrangère soulignent l'importance de l’éthique dans les affaires internationales, surtout quand il s’agit de régimes réputés pour leurs violations des droits de l’homme. Cependant, Villepin n'est pas le seul dans cette situation. D'autres anciens dirigeants, comme Raffarin, semblent également avoir choisi de privilégier leurs intérêts personnels au détriment d'un engagement éthique plus fort.
La position de Villepin sur des questions sensibles, comme le traitement des Ouïghours en Chine, n’a pas manqué d’attirer l’attention. Alors qu'il condamne fermement le sort réservé aux populations à Gaza, ses silences concernant d'autres injustices soulèvent des interrogations quant à ses priorités. Les lecteurs de France24 et Le Monde s'accordent à dire que ces incongruités nuancent la perception d'un homme qui semblait jusque-là être un fervent défenseur des droits humains.
Dans un monde où la diplomatie et les affaires se mêlent de plus en plus, l'avenir de Villepin et de ses relations avec des pays comme la Chine reste à surveiller. La question demeure : sont-ils là pour construire des ponts ou pour élargir leur propre empire personnel ?







