Une récente étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) met en lumière un phénomène troublant : les hommes issus des milieux les plus modestes voient leur espérance de vie considérablement diminuée par rapport à ceux qui appartiennent aux classes plus aisées. Selon les résultats publiés le 15 décembre, entre 2020 et 2024, l'espérance de vie à la naissance est de 85 ans pour les hommes les plus aisés, tandis que celle des plus modestes n'atteint que 72 ans, soit une différence de 13 ans.
À 50 ans, les statistiques révèlent que le risque de décès est environ sept fois plus élevé chez les hommes les plus modestes, avec un taux de mortalité de 8,3 pour mille, contre seulement 1,2 pour mille chez les plus riches.
Les causes des disparités d'espérance de vie
Mais pourquoi de telles disparités vivent-elles ? Selon des chercheurs et des experts en santé publique, plusieurs facteurs contribuent à cette inégalité. Tout d'abord, les questions financières jouent un rôle majeur. En effet, près de 3,2 % des personnes issues des 20 % les plus modestes indiquent avoir renoncé à des examens médicaux pour des raisons économiques, alors que ce chiffre n'est que de 1,8 % au sein de l'ensemble de la population. Ce manque d'accès aux soins peut avoir des conséquences plus graves à long terme.
De plus, le niveau socio-économique est souvent lié au niveau d'éducation. Les individus avec une éducation supérieure sont généralement mieux informés sur les risques pour la santé et adoptent des comportements moins dangereux. Par exemple, selon des rapports de Santé publique France, près de 21 % des adultes sans diplôme fument quotidiennement, contre 13 % parmi ceux ayant un diplôme universitaire.
La littératie en santé, c'est-à-dire la capacité à accéder et à comprendre les informations médicales, varie également selon le niveau éducatif et économique. Les personnes moins instruites peuvent éprouver des difficultés à naviguer dans les systèmes de santé.
La voix des experts
Un expert en santé publique a souligné : « Les inégalités sociales de mortalité ne sont pas qu'une question d'économie. Elles sont aussi le reflet de l'accès inégal aux soins de santé et à l'éducation. » Une analyse de l'INSEE indique que ces inégalités se sont encore accrues entre 2012 et 2024, suggérant que les causes de décès les plus inégalitaires socialement sont devenues plus marquées.
Les travailleurs manuels, souvent exposés à des risques professionnels plus élevés, ainsi que ceux ayant un faible niveau d'éducation, sont particulièrement touchés. Pourquoi ? Un état de santé défaillant peut également engendrer une diminution des revenus, rendant encore plus difficile l'accès à des soins de qualité, comme l'indique un rapport de l'Observatoire des inégalités.
En somme, ces données inquiétantes nous rappellent que l'argent, bien qu'il ne puisse pas acheter le bonheur, semble avoir un impact significatif sur l'espérance de vie. Les autorités sanitaires doivent agir pour réduire ces écarts, car la santé est un droit fondamental pour tous les citoyens.
Source : Étude de l'Insee, 15 décembre 2025







