Alors que la France traverse une crise agricole sans précédent, le gouvernement a récemment annoncé le lancement des "conférences de la souveraineté alimentaire". Cet événement, initié lundi, vise à établir une feuille de route pour la politique agricole nationale prenant en compte des défis pressants. Les agriculteurs, néanmoins, abordent cette initiative avec scepticisme.
La situation est alarmante : d'ici 2025, la balance agricole française pourrait devenir déficitaire pour la première fois en près de cinquante ans. Actuellement, la France dépend largement des importations, recevant près de la moitié de ses fruits et légumes, ainsi que 60% de sa viande ovine et 25% de son bœuf de l'étranger. Ces chiffres soulignent l'importance de repenser la souveraineté alimentaire du pays.
Organisées dans le cadre de la loi d'orientation agricole de mars 2025, ces conférences se dérouleront au fil des mois, par filières de production et à l’échelle régionale, avec des conclusions attendues pour juin. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a souligné l'importance de cette initiative en affirmant que "la France doit produire plus pour mieux manger", incitant à une mobilisation collective.
Le premier syndicat agricole français, la FNSEA, a fait entendre sa voix, indiquant qu’il participera au débat, mais qu'il reste critique à l’égard de la dimension « communication » de l’événement. Hervé Lapie, son secrétaire général, a déclaré : "Nous avons des préoccupations sur comment garantir des revenus aux exploitations," rappelant que le temps des mots est révolu; ce qu'il faut maintenant, ce sont des actions concrètes.
Les attentes des agriculteurs sont particulièrement élevées. Au-delà des discours, ils souhaitent voir des décisions claires et rapides. D'autres organisations, comme la Coordination rurale, affirment que le ministère peine à répondre aux besoins des agriculteurs, en imposant des contraintes multiples sur leur production.
Dans un contexte marqué par des crises sanitaires et des pressions économiques, les filières agricoles réclament une action immédiate. Selon l’interprofession de la viande, "il y a urgence" et il ne reste plus de temps pour des consultations prolongées. Alors que certaines filières, comme celle de la betterave sucrière, élaborent déjà des plans de souveraineté, l’inquiétude monte quant à l’efficacité de ces conférences.
Le ministre a également insister sur la nécessité d’aligner ce plan stratégique avec les objectifs de lutte contre le changement climatique et de réduction des pesticides. Des groupes de travail sectoriels vont être mis en place, impliquant les acteurs de l'agriculture et de la transformation, ainsi que des organismes de recherche.
Tout cela s'inscrit dans un effort plus large de sensibilisation des consommateurs. Genevard a appelé à un "grand réveil alimentaire", incitant les citoyens à prendre conscience de leur pouvoir d’achat et de son impact sur la production nationale. Ces échéances sont également l'occasion de faire prendre en compte des stratégies nationales sur la nutrition et le climat.
Il reste donc à voir si ces conférences déboucheront sur des solutions concrètes et efficaces pour soutenir l'agriculture française, un secteur vital pour l'économie et le patrimoine culturel du pays.







