Encore largement méconnu et souvent sous-diagnostiqué, le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) touche entre 1,8 et 5,8 % des personnes menstruées. La psychologue clinicienne Isaline Gayraud souligne l'ampleur du problème, signalant que ce trouble peut entraîner une instabilité émotionnelle extrême et des pensées suicidaires. Selon certaines études, jusqu'à 15 % des personnes atteintes de TDPM ont tenté de se suicider, tandis que plus de 40 % rapportent des idées suicidaires, ce qui en fait un sujet de santé publique crucial.
À la différence du syndrome prémenstruel (SPM), qui provoque fatigue et crampes, le TDPM a un impact dévastateur sur la capacité de vivre normalement. Comme l'explique Amandine Barray, présidente de l'association TDPM France, "les personnes atteintes éprouvent une incapacité à fonctionner dans leur quotidien, que ce soit au travail ou dans leurs relations sociales".
Les épisodes de TDPM se manifestent principalement après l'ovulation, durant la phase lutéale, et s'apaisent généralement au début des menstruations. Ce trouble se manifeste par quatre symptômes principaux : l’anxiété, l’humeur dépressive, l’irritabilité et la labilité émotionnelle, souvent accompagnés par des signes secondaires tels que la difficulté à se concentrer, une fatigue extrême et des troubles du sommeil.
La reconnaissance tardive de cette maladie au sein de la communauté médicale complique le diagnostic. De nombreux médecins confondent encore le TDPM avec d'autres troubles, y compris la bipolarité. Cela a conduit à des traitements inappropriés et à des souffrances inutiles pour ceux qui en sont affectés. Hélène Marais-Thomas, une spécialiste en psychologie clinique, insiste sur le fait que le TDPM est un trouble neurobiologique, et non simplement hormonal. "Le problème provient de la manière dont le système nerveux réagit aux fluctuations hormonales".
Afin de mieux gérer ce trouble, les professionnels de santé recommandent souvent aux patients de tenir un journal de leurs humeurs, notant les variantes et la sévérité des symptômes. Cette approche facilite le diagnostic et aide les thérapeutes à déterminer un plan de traitement efficace.
Le traitement principal repose sur l'utilisation d'antidépresseurs, en raison de la sensibilité accrue du système nerveux des personnes atteintes. Les traitements hormonaux peuvent être envisagés en seconde intention, selon le profil de chaque individu. Une prise en charge psychothérapeutique est également essentielle. Les experts soulignent qu'une stratégie globale, incluant une bonne hygiène de vie et un suivi thérapeutique adéquat, est indispensable pour gérer la vulnérabilité au TDPM.
En somme, le TDPM n'est pas une fatalité. Avec la bonne prise en charge et un soutien adapté, celles qui en souffrent peuvent retrouver une qualité de vie significativement améliorée.







