Dans un jugement inattendu, le tribunal de Paris a décidé de relaxer deux détenus de la prison de la Santé, après leur poursuite pour des propos considérés comme menaçants à l'encontre de l'ancien président Nicolas Sarkozy. Ces hommes avaient été filmés en train de diffuser une vidéo sur TikTok où ils affirmaient que Sarkozy allait "passer une mauvaise détention", tout en évoquant la vengeance de Kadhafi.
La présidente du tribunal a précisé que les phrases prononcées ne constituaient pas des menaces de mort, affirmant que l'expression de ces sentiments n'avait pas la qualité d'une menace réitérée, condition essentielle pour que l'infraction soit avérée. Cette décision, bien que surprenante, a ouvert un réel débat sur les limites de la liberté d'expression en milieu carcéral.
Ilies B., l'un des détenus, a reconnu être l'auteur de la vidéo, expliquant qu'il cherchait simplement à "faire le buzz". Ce dernier a également mentionné l'euphorie ressentie dans la prison à l'annonce de l'arrivée de Sarkozy, ce qui a conduit à cette tentative de provocation par le biais d'un montage vidéo. Le procureur a quant à lui insisté sur la rapidité de l'enquête, soulignant qu'il était impératif de ne pas laisser perdurer des actes qui pourraient être interprétés comme des menaces.
Bien que les deux hommes aient été relaxés des accusations de menaces, ils ont été condamnés pour détention illégale de téléphones en prison, avec des peines respectives de six et quatre mois. Cet incident remet en question le cadre juridique et la gestion de la liberté d'expression en milieu carcéral, comme l'analysent plusieurs spécialistes du droit pénal. Jean-Pierre Dubois, avocat renommé, a souligné que "la frontière entre l'expression et la menace est souvent floue, surtout dans des contextes à forte charge émotionnelle comme celui-ci".
Nicolas Sarkozy, qui s'était constitué partie civile dans cette affaire, avait demandé une compensation symbolique de 100 euros, mais a été débouté suite à la relaxe des inculpés. Ce cas, qui a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, illustre bien les complexités du droit pénal au sein des prisons françaises, comme le rapporte Le Monde.







