Le 23 décembre 2025, un tournant majeur a été opéré dans les relations diplomatiques entre Washington et Bruxelles. L'administration américaine a décidé d'interdire l'entrée sur son territoire à cinq figures influentes du paysage européen, dont l'ancien commissaire Thierry Breton. Cette décision, qui apparait comme une réplique inattendue à l'application du Règlement sur les services numériques (DSA) et à l'amende imposée à la plateforme X, souligne une opposition frontale concernant la liberté d'expression et la souveraineté technologique.
Le département d'État américain justifie cette repercussion en dénonçant un « complexe industriel de la censure », désignant notamment Thierry Breton comme un architecte de cette politique. Ce dernier, en tant que fervent défenseur du DSA, est critiqué pour avoir rappelé à Elon Musk ses obligations légales, un geste perçu comme une initiative d'intimidation extraterritoriale visant à influencer le débat politique aux États-Unis. D'autres personnalités ciblées incluent Clare Melford, directrice du Global Disinformation Index, ainsi qu'Imran Ahmed, chef du Center for Countering Digital Hate, accusé de promouvoir des propositions pour exclure certains influenceurs du débat public.
Cette escalade fait écho à un climat de tensions exacerbées, suite à l'imposition par la Commission européenne d'une amende record de 120 millions d'euros à la plateforme X, jugée responsable d'un manque de transparence dans ses opérations. Marco Rubio, secrétaire d'État, a qualifié cette sanction d'« attaque contre le peuple américain », révélant ainsi une multifacette de la dispute qui ne repose plus uniquement sur des normes commerciales mais s'étend à la régulation des flux individuels et à l’accès à la technologie.
Cette politique produit un effet d'entraînement sur l'écosystème technologique, entraînant de nouvelles directives internes du département d'État visant à contrôler strictement les demandes de visas pour les travailleurs qualifiés dans le secteur technologique. Désormais, les antécédents en matière de modération de contenus peuvent devenir un facteur déterminant dans l'attribution des visas, mettant en lumière une stratégie visant à déstabiliser les professionnels du secteur et renforcer la culture de la liberté d'expression américaine.
Les conséquences se font déjà sentir, alors que de nombreux experts en sécurité numérique s'orientent vers des lieux moins restrictifs comme Toronto ou Dublin, par crainte de représailles administratives. Selon un rapport du Tech.eu, des entreprises comme Facebook et Twitter pourraient également être impactées par la réticence croissante des talents à s'installer aux États-Unis.
Cette situation entrainant une véritable fracture transatlantique, témoigne d'une vision géopolitique large, inscrite dans la nouvelle Stratégie de sécurité nationale américaine. La notion d'« effacement civilisationnel » évoquée par des responsables américains soulève des questions sur les menaces internes à la démocratie européenne. Dans ce cadre, le vice-président JD Vance a exprimé ses préoccupations lors de la Conférence de sécurité de Munich, en mettant en avant le danger d'une régulation excessive de l'expression publique.
Face à cette attaque, les gouvernements européens, en particulier la France, ont souligné leur droit à définir leurs propres régulations numériques. Thierry Breton a défendu le DSA, adopté à une majorité écrasante au sein du Parlement européen, rejetant ainsi toute accusation de déconnexion bureaucratique. Les implications de cette situation semblent claires : l'Europe doit désormais renforcer son autonomie numérique pour éviter d'être soumise aux pressions extérieures.
À terme, les élections sur la scène mondiale dépendront de la capacité des acteurs européens à maintenir leur cadre légal tout en restant attractifs pour les talents internationaux dans un marché technologique de plus en plus concurrentiel. Alors que les tensions avec Washington s'intensifient, la nécessité de réévaluer les dépendances aux infrastructures américaines devient cruciale, et l'Union européenne se voit contrainte d'accélérer le développement de ses propres capacités technologiques.







