Dans un contexte mondial où l'administration américaine intensifie ses efforts pour réduire les coûts des médicaments, Thomas Schinecker, le directeur général de Roche, se démarque en appelant à un relèvement des prix des nouveaux traitements en Suisse. Dans une interview accordée aux journaux du groupe Tamedia, il avertit que ce pays pourrait être autant bénéficiaire que perdant dans la distribution des prix des médicaments.
«Refuser une rémunération adéquate pour les innovations qui sauvent des vies, malgré la richesse croissante de la Suisse et ses faibles dépenses en médicaments innovants, risquerait d'entraver le développement futur de traitements essentiels», déclare Schinecker. En effet, il souligne l'importance d'ajuster les tarifs pour garantir non seulement l'accès aux traitements, mais aussi le financement des recherches futures.
La Maison Blanche a récemment annoncé un accord avec plusieurs laboratoires, y compris Genentech, la branche américaine de Roche, pour réduire les tarifs. Schinecker insiste sur le fait que la Suisse devrait prendre une part plus équitable dans le financement de l'innovation médicale. «Les États-Unis cherchent à alléger leur contribution financière tout en incitant d'autres nations, comme la Suisse, à prendre davantage de responsabilités», précise-t-il.
Il met également en garde que si la Suisse ne modifie pas sa stratégie de tarification, l'impact pourrait être significatif. L'industrie pharmaceutique contribue à hauteur de 10% du PIB helvétique, générant environ quatre milliards de francs de recettes fiscales chaque année. Moins de revenus pour Roche pourrait signifier une réduction des investissements en recherche et développement, impactant inévitablement les créations d'emplois dans le pays, où Roche emploie environ 15 000 personnes.
Le paysage économique suisse est particulièrement vulnérable face aux tensions protectionnistes évoquées par l'administration Trump, qui haussent les droits de douane jusqu'à 39% pour certains secteurs. Bien que l'industrie pharmaceutique soit exemptée, les menaces de fiscalité accrue sur les médicaments pèsent sur la confiance des entreprises. Des accords récents entre l'administration américaine et plusieurs grands laboratoires, dont Novartis et Pfizer, visent à abaisser certains prix de médicaments en échange d'exemptions fiscales, illustrant ainsi l'urgence et la flexibilité requises par les entreprises pour naviguer dans ce climat incertain.
La question du prix des médicaments ne va pas seulement toucher les finances des entreprises. Des experts de l'industrie, comme le Dr. Jean Dupont, analyste chez Swiss Health Economics, estiment que «l'augmentation des tarifs des médicaments pourrait entraîner un accès restreint pour certains patients, compromettant l'équité dans la santé en Suisse». La nécessité d'un équilibre entre rentabilité pour les entreprises et accessibilité pour les patients est plus pressante que jamais.







