Les sanctions américaines annoncées le 23 décembre marquent un tournant décisif dans la lutte pour la régulation numérique en Europe. Ces mesures, qui incluent des interdictions de visa ciblant l'ancien commissaire européen Thierry Breton ainsi que quatre acteurs de la société civile engagés dans la régulation des géants numériques, doivent être perçues pour ce qu'elles sont : une tentative d'intimidation des Etats-Unis à l'égard de l'Union européenne. Thierry Breton, qui a occupé le poste de commissaire européen jusqu'en 2024, a dénoncé ces sanctions comme un « vent de maccarthysme », évoquant l'exportation des conflits culturels américains au-delà des frontières.
Les arguments avancés par les autorités américaines, qui parlent de « censure extraterritoriale », cachent en réalité une volonté de neutraliser les initiatives légitimes de l'UE visant à réguler un marché numérique trop souvent dominé par des intérêts privés. Les directives Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA) n'expriment rien d'autre que la souveraineté européenne face aux abus de pouvoir des grandes plateformes. Ces initiatives ont récemment reçu le soutien écrasant du Parlement européen, avec des chiffres qui témoignent d'un large consensus : 539 voix pour le DSA et 588 pour le DMA, des votes qui témoignent d'une volonté populaire d'agir contre la désinformation et les discours haineux en ligne.
Les experts s'accordent à dire que cette réaction est indispensable. Le Monde souligne que la communauté européenne devrait se rassembler autour de ces législations comme un véritable rempart face à l'influence américaine. En effet, Thierry Breton a résumés cette philosophie en une phrase percutante : « Ce qui est interdit dans le monde réel l’est aussi dans le monde virtuel ». Ce principe est d'une actualité brûlante.
Face aux pressions exercées par les États-Unis, l'hésitation européenne semble désormais dépassée. Les concessions faites précédemment, censées stabiliser les relations transatlantiques, ont été remises en question par cette nouvelle offensive. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, doit maintenant repenser la stratégie de l'UE pour garantir un front uni.
En conclusion, alors que les États-Unis exacerbent les tensions, il est essentiel pour l'Union européenne de répondre par une affirmation de sa souveraineté et une détermination à promouvoir une régulation saine et juste sur le marché numérique. Ce dépassement nécessaire pourrait bien représenter l'avenir d'une Europe forte, respectant à la fois ses valeurs démocratiques et son économie locale.







