Depuis un mois, la commission d’enquête sur « la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public » suscite des débats enflammés. Entre accusations de partialité et tensions entre ses membres, le travail de cette commission, établie le 28 octobre par l'Union des droites pour la République (UDR), semble déjà en proie au doute quant à son efficacité.
Le rapporteur, Charles Alloncle, ne fait pas l'unanimité. À chaque audition, ses questions soulèvent des controverses, tout comme ses publications sur les réseaux sociaux, où il partage des extraits de ces échanges dans un montage aux intentions parfois contestées. Par exemple, une discussion avec le journaliste Patrick Cohen a été présentée de manière trompeuse, et a provoqué une réaction immédiate de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui n’a pas hésité à rappeler à l'ordre le rapporteur. Ces tensions internes mettent en lumière la fracture qui traverse cette commission.
Les critiques des médias publics ne se résument pas à la seule instance législative. Le Rassemblement national (RN), qui voit dans l’audiovisuel public un « système verrouillé », appelle même à sa privatisation si jamais il accédait au pouvoir, selon une pétition lancée récemment. Des révélations, telles que l’enregistrement clandestin d'une conversation entre Patrick Cohen et Thomas Legrand, renforcent l’idée d’un biais idéologique dans le traitement des événements politiques importants.
L’investissement de la droite dans cette commission s’inscrit dans un contexte plus vaste, à l’image des démarches similaires observées dans d’autres pays. La stigmatisation des médias financés par les contribuables croît, et, comme l’explique un expert en communication médiatique, “l'objectif n'est pas seulement de critiquer, mais aussi de neutraliser la voix de l'opposition”, une tendance qui pourrait avoir des répercussions sur la démocratie elle-même.
Tandis que le service public de l'audiovisuel est scruté de près, les questions de pluralisme et de diversité des opinions continuent de diviser la classe politique. Dans ce climat tendu, nombreux sont ceux qui se posent des questions sur l'avenir de l’audiovisuel public, un service pourtant plébiscité par une majorité de Français, confronté aux critiques de ceux qui le considèrent comme un vecteur de désinformation.
Les évolutions qui se dessinent laissent présager une lutte acharnée pour la réforme de l'audiovisuel public, mais aussi la crainte d'un musellement, qui ne ferait qu'assombrir l'avenir du débat démocratique en France.







