En mai 1998, l'infirmière Christine Malèvre est plongée dans une tourmente judiciaire après la mort suspecte de plusieurs patients au sein de l'hôpital François-Quesnay de Mantes-la-Jolie. Cette affaire soulève des interrogations sur le rôle des soignants et la frontière entre bienveillance et malice.
Le 3 mai 1998, Jacques Gutton, 71 ans, admis après un AVC, trouve la mort dans sa chambre. C'est Christine Malèvre, infirmière dans le service neurologie-pneumologie, qui alerte sur le décès. Cependant, son comportement soulève des doutes, notamment son insistance pour administrer une surdose de Tranxène, que le médecin avait refusée. Selon Françoise Leprêtre, l'infirmière en chef, les circonstances de cette mort laissent perplexe.
Le jour suivant, une réunion entre la direction de l’hôpital et le personnel médical entraîne des soupçons accrus sur Christine Malèvre. Ils évoquent plusieurs décès non expliqués, dont celui de Patrice Collin, un jeune patient de 29 ans, décédé d’une administration prématurée de morphine alors que Christine assistait des aides-soignantes. Ce cas a marqué les esprits et a relancé les interrogations sur les soins prodigués sous sa supervision.
Le 6 mai, Christine Malèvre est auditionnée par la direction et suspendue malgré ses dénégations. En réaction à cette pression, elle tente de mettre fin à ses jours en ingérant une quantité létale de Lexomil. Son compagnon, la découvrant inanimée, appelle les secours et elle est hospitalisée au même établissement où elle travaillait.
Une obsession étrange pour la mort
Deux mois plus tard, Malèvre est placée en garde à vue. Selon le commandant Alain Le Pache, le nombre de décès augmente de façon alarmante lorsqu’elle est présente. Malgré ses dénégations, elle finit par avouer avoir administré des injections mortelles à la demande de certains patients, et d'autres de son propre chef. Ces déclarations ont été largement médiatisées et alimentent le débat sur la responsabilité des professionnels de santé.
Cette affaire a suscité des réactions diverses parmi les professionnels de la santé. Beaucoup s'interrogent sur la pression exercée sur les infirmières et les médecins dans un environnement hospitalier où le stress et les enjeux humains s’entrelacent. Le psychiatre Dr. Jean-Pierre Simon a déclaré : "Il est essentiel de questionner les mécanismes psychologiques qui peuvent conduire à de telles actions chez le personnel soignant." Des experts ainsi que l’Ordre des Médecins ont plaidé pour une meilleure formation et un soutien psychologique accru pour prévenir de futures tragédies.
Cette affaire controversée demeure ouverte et continue de hanter non seulement les familles des victimes, mais aussi l'ensemble de la profession médicale. L'opinion publique oscille entre l'empathie pour une professionnelle en détresse et la colère face à des actes jugés inacceptables. Comme le souligne le quotidien Le Monde, cette histoire demande une réflexion profonde sur la santé mentale au sein des professions médicales et le respect de la vie humaine.







