Ce jeudi, l'Eurogroupe élira son nouveau président en pleine controverse concernant la gestion des avoirs russes pour soutenir l'Ukraine. Les deux candidats en lice, Kyriakos Pierrakakis, le ministre grec des Finances, et Vincent Van Peteghem, le ministre belge du Budget, représentent chacun des visions politiques distinctes dans un contexte européen déjà tendu.
Kyriakos Pierrakakis, 42 ans, est déterminé à symboliser la "résilience" grecque, témoignant d'un parcours marqué par la crise de la dette de 2010 qui menaçait l'intégrité de la zone euro. Depuis mars, il dirige les finances de son pays, mais son expérience dans la transformation numérique de l'État, acquise lors de ses précédents mandats, lui confère une certaine légitimité. De l'autre côté du spectre, Vincent Van Peteghem, 45 ans, met en avant son expérience dans les négociations complexes au sein des coalitions belges, un atout dans la prise de décisions au niveau européen.
Cependant, la candidature de Van Peteghem est controversée, en raison de l'opposition belge à l'utilisation des avoirs russes, gelés depuis l'invasion de l'Ukraine. Bruxelles, où ces fonds sont principalement conservés par la société Euroclear, est au cœur de discussions intenses. Le gouvernement belge souhaite des garanties solides, redoutant des représailles juridiques de la part de Moscou, comme le souligne le journal Le Soir.
Cette épineuse question sera également débattue lors d'un dîner prévu avec les ministres des Finances de l'UE, avant un sommet des dirigeants européens la semaine prochaine. La décision prendra le pouls de l’Union, déjà fragilisée par les tensions internes concernant le soutien à l’Ukraine.
Les élections à la présidence de l'Eurogroupe interviennent après la démission inattendue de l'Irlandais Paschal Donohoe, qui avait exercé ses fonctions depuis 2020. L’Eurogroupe, créé en 1997, joue un rôle crucial en organisant les politiques économiques et budgétaires des pays de la zone euro, qui passera bientôt de 20 à 21 avec l'adoption de l'euro par la Bulgarie en janvier prochain.
Le président de l'Eurogroupe devra non seulement préparer les réunions mensuelles des ministres mais également représenter l'Europe sur la scène internationale, un rôle à forte visibilité. Le vote pour élire le nouveau président aura lieu cet après-midi à Bruxelles.
Parallèlement, l'Eurogroupe lancera le processus de nomination pour un autre poste clé, celui de vice-présidence de la Banque centrale européenne (BCE), remplaçant Luis de Guindos d'ici 2026. Cette succession est attendue comme un prélude avant d'autres mandats cruciaux, notamment ceux de la présidente Christine Lagarde, comme en témoigne Les Échos.







