L'inspecteur général spécial pour la reconstruction de l'Afghanistan (SIGAR) a récemment publié son rapport final, marquant ainsi l'achèvement de sa mission qui a débuté en 2008. Ce document de 137 pages résume plus de dix-sept années d'audits, d’enquêtes et d’analyses des investissements des États-Unis dans le pays. Ses conclusions, qui évoquent des échecs systématiques et un gaspillage colossal, sont particulièrement préoccupantes.
Une des révélations principales du rapport est que sur plus de 148 milliards de dollars dépensés pour la reconstruction de l'Afghanistan, 60% de cette somme a été allouée à des initiatives liées à la défense et à la sécurité. Ces fonds ont été utilisés pour des équipements militaires, la formation des forces de sécurité et le développement d'infrastructures critiques.
Matériel militaire aux mains des talibans
Lors du retrait chaotique des troupes américaines en 2021, un équipement militaire d'une valeur de sept milliards de dollars a été laissé sur place et a rapidement été récupéré par les talibans. Cette situation a conduit à une augmentation significative de leur capacité opérationnelle, avec des véhicules militaires, des armes légères et des aéronefs à leur disposition. Des rapports récents de l'ONU indiquent que cet équipement est utilisé non seulement pour maintenir le contrôle de leur territoire, mais aussi pour renforcer des groupes terroristes à travers la région, comme le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), qui intensifie ses attaques contre les voisins, en particulier le Pakistan.
Une corruption endémique sous-estimée
Le rapport met également en lumière l'ampleur de la corruption, souvent sous-estimée par les autorités américaines. On estime le gaspillage à entre 26 et 29 milliards de dollars en raison de l'inefficacité, des fraudes et d'un manque de coordination entre les agences. Un expert en sécurité nationale a souligné que les efforts pour instaurer un gouvernement stable et démocratique en Afghanistan ont échoué, laissant le pays dans une situation instable. Le rapport conclut que non seulement ces opérations n'ont pas réussi à établir la paix et la démocratie, mais elles ont également permis à des dynamiques belliqueuses de se développer et de se renforcer.
Alors que les États-Unis continuent de réfléchir à leur rôle dans la région, ces révélations interrogent les véritables impacts de deux décennies d'intervention militaire. La question demeure : quelles leçons seront tirées pour l'avenir ?







