Condamné à 27 ans de réclusion pour tentative de coup d'État, l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro pourrait bénéficier d'une réduction de peine significative grâce à une nouvelle loi adoptée par le Congrès. Ce texte, soutenu par une majorité conservatrice, pourrait ramener sa peine à seulement deux ans et quatre mois.
Mercredi, le Sénat brésilien a voté à 48 voix contre 25 en faveur d'une proposition de loi visant à alléger la peine de Bolsonaro. Cette démarche avait déjà soulevé de vives inquiétudes lors de son approbation à la Chambre des députés. Les récentes manifestations organisées dans plusieurs grandes villes du pays ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, exprimant leur désaccord face à cette mesure jugée injuste.
L'ancien président, qui purge actuellement sa peine dans une cellule de la police fédérale à Brasilia, a vu ses partisans au Congrès redoubler d'efforts pour obtenir une amnistie totale. Cependant, pour l'instant, la réduction temporaire de sa peine est perçue comme un premier pas. Comme l'indique Le Monde, le soutien des alliés du président actuel, Luiz Inacio Lula da Silva, a également été évoqué lors du vote.
Ce texte propose également d'accorder la liberté conditionnelle à de nombreux partisans de Bolsonaro, condamnés pour des émeutes qui ont eu lieu le 8 janvier 2023, lorsque des partisans radicaux avaient attaqué des institutions gouvernementales. Ce jour-là, des milliers de bolsonaristes avaient tenté d'interrompre le processus démocratique en appelant à une intervention militaire.
Vers une amnistie totale ?
Le sénateur Renan Calheiros a qualifié le vote de « farce », soulignant l'arrangement politique qui aurait permis l'adoption de ce texte en échange de concessions fiscales. En réponse, les alliés de Bolsonaro parlent d'une volonté de réconciliation dans un pays divisé. Pourtant, Randolphe Rodrigues, sénateur du Parti des travailleurs, a démenti tout accord de ce type, ce qui ne fait qu'ajouter à l'incertitude actuelle.
Le président Lula a encore le pouvoir d'opposer son veto à la loi, mais ce dernier pourrait être annulé par le Congrès, laissant la voie ouverte à une éventuelle libération anticipée de l’ancien président. Ce dernier a été condamné pour avoir dirigé une « organisation criminelle » visant à contrecarrer l’élection de Lula en 2022, avec des accusations graves de complot qui évoquent des actes de violence.
Il est clair que le débat autour de la réduction de peine pour Bolsonaro met en lumière la polarisation politique intense qui règne au Brésil aujourd'hui. Alors que l'avenir judiciaire de l'ancien président se dessine, une question persiste : le pays pourra-t-il véritablement tourner la page de cette époque incertaine ?







